L’église Romane de Sallertaine : Un Joyau de l’Art Roman

Historique

L’église romane de Sallertaine est la plus ancienne des deux églises du village. La première mention de l’édifice date de 1080. Dédiée à Saint Martin, l’église appartenait alors au prieuré bénédictin adjacent, placé sous l’autorité de l’abbaye de Marmoutiers (près de Tours) fondée par Saint Martin lui-même.

Motivée par le cadre isolé propice au recueillement voulu par la règle bénédictine, et par la présence de sel et de chaux, denrées commerciales, l’implantation de ce prieuré a joué un rôle important pour le village de Sallertaine. Dès le XIIème siècle, on constate en effet un accroissement de la population, obligeant à agrandir l’église pour accueillir les nouveaux fidèles. Le prieuré constitue alors un pôle religieux, mais aussi économique et social. Sans compter sa contribution dans l’assèchement des marais et de la création de nouvelles terres, en lien avec la valorisation par le travail énoncée dans le règle de Saint Benoît.

L’église agrandie, reconstruite sur les bases de l’ancienne comme il est de mise à l’époque médiévale, est consacrée en 1173 par Jean III dit « aux Belles Mains », la visite en 1305, de l’archevêque de Bordeaux Bertrand de Goth, futur pape Clément V installé en Avignon.
Jusqu’à aujourd’hui, l’église du XIIème siècle ne nous est parvenue intacte. Modifications et réajustements ont été opérés pour s’adapter aux évolutions du goût. Au XIVème siècle, une grande sacristie (dont on ne voit aujourd’hui que les fondations) remplace la chapelle en abside du côté sud. Avec le classicisme français du XVIIème siècle, la toiture de tuiles est remplacée par une toiture d’ardoise, la pente est accentuée et une flèche est mise en place au-dessus de la chambre des cloches. A la même époque, sous l’influence de la Contre-Réforme (1545-1563), les peintures murales sont badigeonnées de chaux et quatre baies sont agrandies pour faire entrer la lumière. Enfin, au XVIIIème siècle, trois retables sont installés dans le choeur et les bras du transept.

La Révolution épargne l’édifice car l’église sert d’entrepôt. Elle n’est réellement délaissée qu’à partir de 1910, date à laquelle le culte est transféré dans la nouvelle église construite à côté. Cependant, grâce à l’intervention de l’abbé Charles Grelier et de l’écrivain René Bazin, l’édifice, cher à leur coeurs, est alors classé Monument Historique. Aujourd’hui il est à nouveau mis en valeur par une grande campagne de restauration.

L’extérieur de l’édifice

Construite en pierre calcaire locale, l’église romane de Sallertaine présente des volumes ramassés, effet renforcé par le plan en croix grecque obtenu après la démolition d’une partie de la nef en 1915. Seule la flèche ajoutée au XVIIème siècle donne de l’élan à la construction. Les murs sont épais, constitués de blocs de pierre de taille moyenne et percés
de petites fenêtres. Les contreforts scandent les façades et assurent le contrebutement de l’édifice. La décoration extérieure est d’une grande sobriété : la sculpture est présente seulement que les quatre voussures du portail (motifs de cordage) et sur les modillons autour de l’édifice (masques, visages humains, têtes d’animaux ; cordages, motifs
géométriques). Par la maîtrise technique et esthétique ainsi mis en oeuvre, ces éléments contribuent à rattacher l’édifice au style roman.

Côté nord, un début d’arcade et des pierres d’assises témoignent de la présence des bâtiments du prieuré (un cloître, un préau ou un couloir) à côté de l’église. La petite porte le long de la nef marque la jonction entre les différents espaces et l’usure de son seuil laisse imaginer les nombreux passages des moines.

L’intérieur de l’église

On retrouve une atmosphère intime et mystérieuse véhiculée par les murs massifs et les petites ouvertures. Par comparaison avec l’extérieur, il faut imaginer l’espace intérieur du XIIème siècle moins dépouillé avec son mobilier et les murs parés de peintures murales.
Aujourd’hui il est possible d’observer encore quelques restes de polychromies notamment sur le mur nord de la nef. Découvert en 1910, le christ en croix vêtu d’un pagne ocre suscite la curiosité. Détruit en partie lors de l’agrandissement de la baie adjacente au XVIème siècle, il a les yeux ouverts et ses poignés saignent évoquant ainsi l’iconographie byzantine.
Les peintures murales de l’église de Sallertaine sont des peintures murales a secco. Pour cette technique, deux enduits sont appliqués : l’arriccio pour aplanir la surface et l’intonaco, poncé, qui est la surface peinte. Une esquisse est ensuite tracée avant l’application des couleurs en aplats, non mélangés. Le relief est rendu par les touches de
couleurs appliquées ici et là, que l’on nomme les réhauts.
D’autres restes de peintures murales sont visibles dans l’édifice et notamment dans le choeur où les motifs en médaillons évoquent la présence d’un calendrier.
Autres éléments qui participent à la décoration de l’espace : les chapiteaux sculptés. Ils arborent des motifs courants à l’époque romane (cordage, guirlandes, feuilles, volutes, denticules, palmettes), et des motifs locaux (écailles de poisson, crabe, moustique, mouche, libellule, jonc et roseau). L’art roman montre ainsi sa forme d’intégration par la
réinterprétation d’un contexte local.
La coupole sur pendentifs surmontant la croisée du transept est un autre élément remarquable de l’édifice. Montée sur la croisée d’ogives, elle évoque à la fois massivité romane et la technique gothique. Les ogives n’ont pas ici la fonction de soutien mais sont seulement décoratives. Cette fantaisie esthétique de l’architecte donnant plus de
dynamisme à la coupole, rattache l’édifice à l’architecture Plantagenêt (du nom de la dynastie qui régna sur le royaume d’Angleterre de 1150 à 1399), qualifiée d’architecture gothique mais qui reste romane par bien des aspects. Cette particularité fait de l’église de Sallertaine un exemple unique en Vendée.
Dans le choeur, partie autrefois réservée aux religieux, se dresse le retable dédié au christ. Installé au XVIIIème siècle, il comportait une statue en bois polychrome de Saint Martin, aujourd’hui visible dans la nouvelle église. Une vierge à l’enfant était installée dans la niche centrale du haut, surmontée d’un coquillage, motif baroque par excellence. La dernière statue encore en place mais dépourvue de tête représentait le roi Louis IX. Ce retable est peint en trompe l’oeil : les quatre pilastres et la niche sont faits de stucs peint pour imiter le marbre. Cette solution était moins coûteuse que l’emploi de vrai marbre mais exigeait une grande maîtrise technique.

L’église romane de Sallertaine a traversé le temps et constitue aujourd’hui un patrimoine à sauvegarder. Merveille de l’art roman, le monument reste un témoin indispensable à la compréhension de l’histoire du village. Aujourd’hui, il revit à travers son ouverture au public et à l’organisation régulière de concerts et d’expositions.

SAISON CULTURELLE

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